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La loi sauveteur citoyen

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Jean-Charles Colas-Roy est député de l’Isère. Il est aussi à l’origine de la proposition de loi sauveteur citoyen qui souffle sa première bougie. Salvum l’a rencontré pour parler de ce texte qui évolue au fil de l’actualité.


Vous êtes à l'initiative de cette proposition de loi qui a été promulguée le 3 juillet 2020. Qu'est-ce qui vous a motivé à vous occuper de ce thème ?

A titre personnel, j'ai été sensibilisé aux conséquences d'un arrêt cardiaque inopiné et à l'utilité des gestes de premiers secours, pratiqués rapidement, en complément de l'utilisation d'un défibrillateur. En 2017, j'ai par ailleurs rencontré le député de Paris Hugues Renson, dans le cadre d'une conférence organisée par le professeur Jouven au Centre d'Expertise de la Mort Subite (CEMS) sur les progrès en matière de prise en charge des personnes en situation d'arrêt cardiaque. Après plus d'une trentaine d'entretiens avec les professionnels de santé, les pouvoirs publics et les acteurs de la société civile engagés sur ce sujet, il nous a paru nécessaire de rédiger une proposition de loi pour mieux protéger le "citoyen-sauveteur", mieux former la population et augmenter le taux de survie des victimes.

Cette loi comporte différents volets, notamment la création d'un statut sauveteur-citoyen mais aussi de la sensibilisation à la formation. C'était selon vous les deux principaux freins qu'avaient les gens pour agir face à une victime ?

En France, les secours professionnels mettent en moyenne une dizaine de minutes pour arriver. Chaque minute qui passe, ce sont environ 10% de chance de survie en moins pour la victime. Il est donc absolument nécessaire de développer l'intervention des premiers témoins sur une victime d'arrêt cardiaque inopiné. La sensibilisation d'une grande partie de la population aux gestes de premiers secours, le maillage territorial avec des défibrillateurs et la création d'un statut citoyen-sauveteur sont effectivement des leviers qui favorisent l'aptitude du plus grande nombre d'entre nous à intervenir.

 

On sait que beaucoup de gens n'agissent pas car ils ont peur de mal faire et même ceux qui sont formés car ils ont oublié. Qu'est-il prévu pour maintenir à jour les connaissances et s'assurer que la population a bien la maîtrise des gestes qui sauvent ?

C'est justement l'intérêt de la création du statut de citoyen-sauveteur. L'objectif est bien de rassurer l'ensemble de ceux qui serait amenés à intervenir : s'ils font mal les gestes, ils ne courent aucun risque. Comme je le répète souvent de façon un peu abrupte, face à une victime en arrêt cardiaque il est absolument primordial d'intervenir : il vaut mieux mal faire que de ne rien faire. Le statut de citoyen-sauveteur consacre le geste citoyen de se former aux gestes de premiers secours et d'intervenir avant l'arrivée des secours professionnels. Il est en effet important de se sensibiliser et de réaliser à plusieurs reprises la formation. Il faut absolument démocratiser les gestes de premiers secours en rappelant que ce sont des gestes simples : "alerter, masser, défibriller".

 

 Est-ce que justement le numérique peut être un support pour former et entretenir les connaissances ? 

Oui, les outils numériques, les serious game, la réalité augmentée, peuvent être des supports intéressants pour approfondir la formation et toucher un public plus large, en particulier les jeunes.

Par ailleurs, les nouvelles applications qui se développent : "Staying Alive, "SAUV Life", "Premiers répondants", permettent d'identifier rapidement les citoyens volontaires et de les contacter lorsqu'ils sont à proximité d'une victime qui s'effondre.

 

En un an, la loi a subi quelques modifications avec l'intégration de l'obligation des employeurs de former leurs salariés avant leur départ à la retraite. Pourquoi ne pas étendre l'obligation à l'ensemble des salariés ?

 

Outre les nouvelles générations, il est effectivement important d'atteindre l'ensemble de la population. Le compromis trouvé, dans le cadre de la proposition de loi, concernait les salariés au moment de leur départ à la retraite. Mais de plus en plus d'entreprises proposent, de façon volontariste, des formations et des sensibilisations sur ce sujet et c'est une excellente chose !

 

Lors de l'Euro de football, un joueur a fait un arrêt cardiaque sur le terrain. Là aussi, votre loi s'est ajustée en mettant en avant le besoin de formation des juges et des arbitres. Vous en êtes fier ?

Oui, car la pratique sportive peut accroître le risque de survenance d'arrêts cardiaques inopinés. Les athlètes seraient 3 fois plus exposés au risque de mort subite que la population en général. Il est donc essentiel que l'ensemble des arbitres et des entraîneurs maîtrisent les bons réflexes. David Ginola, qui a été victime d'un arrêt cardiaque lors d'un match amical à Cannes en 2016, a été parrain de la proposition loi écrite avec Hugues Renson.

 

Y aura t'il un élargissement à l'ensemble des bénévoles dans les activités sportives ?

Cet élargissement n'est pas prévu pour le moment dans le cadre de la loi mais nous ne pouvons qu'inciter les fédérations à proposer ce type de sensibilisation et de formations à l'ensemble des encadrants et des bénévoles.

 

Plusieurs pays en Europe imposent déjà une formation au secourisme au permis de conduire. Pourquoi ne pas suivre cet exemple puisque ces pays affichent également un taux de survie supérieur au nôtre ?

Dans le cadre du permis de conduire, ces sujets sont déjà abordés mais il est vrai que cela ne constitue pas une formation suffisante. Il s'agit toutefois d'une première prise d'information pour tous ceux qui passent le permis et qui sont ensuite incités à se sensibiliser aux gestes qui sauvent. La généralisation du PSC1 aux élèves de 3e est maintenant effective. On peut donc considérer que tous les jeunes qui passeront le permis dans les années qui viennent, auront eu la formation aux premiers secours en fin de collège.

 

L'objectif du Président de la République, Emmanuel Macron, est de former 80% de la population aux gestes qui sauvent d'ici à la fin de son mandat. Vous êtes optimiste ?

 

Il s'agissait plutôt d'un objectif fixé sur une période de dix ans et mon ambition serait que nous puissions atteindre ce pourcentage de sensibilisation/formation de 80% des Français aux gestes qui sauvent pour 2024, année où la France accueillera les Jeux Olympiques. Ce serait un magnifique symbole.



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