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« La formation est l'une des clés pour déceler les signes d'un AVC »

Sommaire

Eudes Ménager est médecin urgentiste neurovasculaire spécialiste de la santé numérique. Pour Salvum, il revient en détails sur  l'accident vasculaire cérébral.

D'après l'INSERM, toutes les quatre minutes, une personne est atteinte d'un AVC. Ces dernières années, on a constaté une augmentation significative du nombre d'AVC chez les sujets jeunes. Pourquoi ?

Lorsque l’on parle de sujets jeunes cela concerne les moins de 45 ans. La population française est davantage sédentaire, dort moins, mange mal, autant de facteurs qui favorisent les AVC. Avec la Covid les AVC ont aussi augmenté. En effet, le virus présente une inflammation, laquelle favorise l'hypercoagulabilité. Le sang coagule plus facilement et donc cela bouche les vaisseaux.

On distingue deux types d'AVC. Le plus courant, l'AVC ischémique est traité par la thrombolyse et la thrombectomie. En quoi ces deux techniques améliorent-elles la prise en charge des patients ?

Les AVC sont dans 80% des cas de nature ischémique, ce qui se traduit par une fermeture ou occlusion des canalisations artérielles qui permettent au sang de venir oxygéner le cerveau, l'occlusion se caractérise par la création d'un caillot de sang que l'on appelle thrombus, c'est la thrombose artérielle. Tout le tissu qui se trouve en aval de ce caillot n'est plus oxygéné, on parle d'ischémie. Une ischémie prolongée provoque l'asphyxie et la mort de ce tissu, c'est l'infarctus.

Afin de déboucher l'artère on utilise quand cela est possible une, voire ces deux techniques.  La thrombolyse, si elle est administrée rapidement, permet de dissoudre le caillot. Lorsque le caillot est trop important, qu'il est composé de calcaire, ou que le délai pour la thrombolyse est tardif la thrombectomie est nécessaire. La thrombectomie est une méthode de désobstruction mécanique qui consiste à attraper et/ou aspirer le caillot par un système que l'on introduit dans les artères et que l’on remonte vers le cerveau jusqu'à l'artère bouchée.

Quelles-sont les limites de la thrombectomie ?

La thrombectomie est une technique qui a beaucoup évolué et s'est démocratisée ces dix dernières années, mais elle nécessite une équipe de neuroradiologues interventionnels. Aujourd'hui, seuls les centres hospitalo-universitaires (CHU) et quelques centres d'exceptions ont des équipes expérimentées et les plateaux techniques pour assurer cette méthode.

Encore trop peu de patients en bénéficient. Les limites sont liées à l'âge (les artères se rigidifient avec le vieillissement. Aussi passer dans des artères rigides favorise le décollement de plaques de calcaires ou d'athérome) et au délai de prise en charge.

Y a t'il eu ces dernières années, des avancées majeures dans la prise en charge des AVC ?

Les années 2000 ont permis le développement  des Unités neurovasculaires (UNV) et la mise en place d’Unités de soins intensifs (USINV) permettant l'amélioration de la survie et la réduction des complications. La thrombolyse s'est développée au sein de ces unités spécialisées.

Les années 2010 signent l'arrivée et le développement de la thrombectomie, ainsi que de la téléassistance permettant de décider grâce à la télémédecine et à la téléradiologie de prendre les bonnes décisions à distance au sein même des services d'accueil des urgences (SAU), et ainsi d’augmenter le nombre de patients susceptibles d'être éligibles aux techniques de désobstruction précitées.

La neuroprotection fait partie des travaux prometteurs des années à venir afin de préserver le plus longtemps possible la viabilité du tissu cérébral et de réduire les hémorragies liées aux techniques de désobstruction

Aujourd'hui, de nombreuses campagnes de prévention sont déployées pour impliquer le grand public et l'amener à déceler les signes d'un AVC au plus vite. Ont-elles porté leur fruit ? 

Il y a eu des améliorations et l'information est essentielle, mais il manque deux clefs majeures : la prévention pour réduire les facteurs de risque et la formation aux gestes qui sauvent.

La formation est l'une des clés pour mieux déceler les signes d'un AVC. L’AVC n’est pas concrètement intégré dans les formations des gestes qui sauvent.

Le manque de réactivité fait perdre de nombreuses et précieuses minutes à la victime, utiles à sa survie ou pour réduire les séquelles.

Vous êtes l’un des associés de Salvum. Qu'est-ce qui vous a séduit dans ce projet ? 

Je suis dans l'univers du jeu vidéo, du serious games, et des médias interactifs et immersifs depuis la fin des années 90. J’ai moi-même créé le premier jeu vidéo des premiers secours "save our soûls" à l'instar des séries américaines, mais dans les années 2005 personne ne croyait à ce type d'approche. Je préside aussi l’association applications citoyennes qui a porté avec la société française de neurovasculaire (SFNV) en 2012 les premières applications sur la sensibilisation à agir vite pour l'AVC. J’ai rencontré Pierre Sabin et Christian Molinari et le projet Salvum est né.

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